
Démarche
De mes voyages, où je pratique régulièrement la randonnée pédestre en des lieux souvent arides, je rapporte principalement des photos et vidéos de textures, de miroitements, de reflets ou de formes organiques intrigantes.


Dans l’atelier, je deviens toutefois multidisciplinaire, car je pratique autant le dessin que la peinture, le collage, le montage numérique sur ordinateur et la sculpture (modelage, assemblage), selon mes envies ou mes besoins du moment. Ces moyens d’expression, je les utilise en alternance ou en simultané, car ils sont pour moi autant d’outils-tremplins pour créer. Et il arrive que ces pratiques s’interpénètrent ou même se mettent en abîme. Cela s’insère à merveille dans mon désir de «montrer autrement», de créer de nouveaux univers, des métissages, des dérapages sémantiques, des énigmes aussi.
Les bassins de marée à Botanical Beach (parc Juan de Fuca, Île de Vancouver, Colombie-Britannique, 2010), évoquent pour moi une magnifique trouée interstellaire!

La naissance du numérique, maquette, 2017. Un clin d'oeil à la Naissance de Vénus de Botticelli et La Création d'Adam de Michel-Ange.
Béance I de la série Béances, 2019, 10,5 x 11,5 x 3,5 cm. Techniques mixtes (montage numérique, collage, assemblage). Matériaux: papier photographique, bois, métal, plastique.

Mon motif de prédilection: la forme de l’oreille, dont l’asymétrie me fascine, et le mystère de son conduit, «trou noir» qui ne révèle pas son parcours de facto, à l'instar de ces coquillages spiralés prisés depuis l’enfance. Ces orifices sont pour moi autant de portes vers des univers énigmatiques, où la rationalité cède la place à l’imprévisible.
Plusieurs thèmes surgissent au fil de mes explorations: l’éloge de la différence, mais aussi l’unicité; une certaine solitude; les méandres de la communication; la situation de l’humain dans l’univers (au centre, vraiment? ou en marge?), l’origine de la vie.
C’est, en quelque sorte, ma quête de sens dans un monde où celui-ci tend à faire cruellement défaut.
Comme un mystérieux coquillage... Modelage en argile non cuite, 2019, 16,5 x 18 x 10, 25 cm.
En attente d'un traitement de surface.
Une épiphanie
Cette fructueuse lancée a connu une bifurcation à laquelle je ne m’attendais: la vidéo expérimentale. Cette idée a germé à l’automne 2022, lors d’une initiation à la réalité augmentée.
Née à l’époque où la télévision en noir et blanc en était encore à ses balbutiements, j’ai eu le privilège de suivre le développement ainsi que quelques-unes des ramifications des technologies informatiques au fil des décennies. Étant ni geek ni technophobe, ma carrière en journalisme m’avait permis de troquer avec enthousiasme non seulement la dactylo contre le traitement de texte par ordinateur, mais aussi

d’apprivoiser progressivement certains logiciels de mise en page, de graphisme et de retouche numérique.
C'est pourquoi la modélisation 3D, stimulée par le modelage de l’argile, m’avait déjà fait de l’oeil. Mais je doutais encore que ce soit une voie faite pour moi. Jusqu’à ce que les formateurs Ugo Monticone et Marc Sauvageau se mettent à vanter les multiples possibilités de la réalité augmentée. Sans adhérer comme tel à cette forme de diffusion, je me suis tournée vers le numérique, plus précisément la vidéo expérimentale et l’animation. Depuis s’est enclenchée, de fil en aiguille, une aventure… exponentielle! Tout en ne renonçant pas aux moyens de création plus traditionnels, je prends plaisir aujourd’hui à manipuler les nuages de points de la photogrammétrie et les maillages de la modélisation, que je me plais par exemple à combiner à des vidéos d’éléments naturels.
Cette feuille recroquevillée a été soumise à
la photogrammétrie puis à la modélisation 3D,
la transformant en un nuage de points.